Il est dit qu’en des temps tellement éloignés, au point que même le plus âgé des froerïn ne saurait se souvenir, Hiémisla n’était qu’une graine. Une graine errant dans le vide infini. Nul ne vivait encore, rien n’existait hormis cette fameuse graine. C’est au fil des siècles que finalement, elle devint pousse. Des racines émergèrent, puis des feuilles et enfin un tronc, et la pousse finit par devenir un arbre majestueux au feuillage touffu et verdoyant. Il ne cessait de croître tandis qu’il errait toujours dans ce vide infini où rien n’existait. Des décennies passèrent avant qu’il devienne ainsi, puis encore d’autres imperturbables et pareilles les unes aux autres. Cent ans pour grandir, cent ans pour errer avec tout le temps écoulé avant et après. Au bout de deux mille années où il avait finalement atteint un age honorable, il prit conscience de sa solitude et de son ennui. Ses branches se mirent alors à craquer, et d’un soupir, il fit dodeliner ses feuilles. C’est ainsi que l’air fut créé, par petites touches, devenant brise légère et aérienne. De cette brise, un étrange processus se mit en route et c’est une tempête qui émergea, brusque et violente formant moult nuages et des cieux instables passant du blanc le plus pur au noir le plus ténébreux. Les vents ne cessaient de tourbillonner en soufflant un nom…

« Yshushsir… Yshushsir… Tel est ton nom, grand arbre créateur… Tu nous as libéré… »

Les branches craquèrent à nouveau et le feuillage se mit à danser d’une cadence douce puis plus agitée. C’est alors qu’eut lieu une floraison improbable en une explosion de couleurs qui aurait pu rendre aveugle n’importe quel être vivant, et dont le parfum entêtant ne cessait d’imprégner ce nouveau monde en création.

Parmi les fleurs, un nymphéa d’une teinte rouge crépusculaire se mit à éclore jusqu’à prendre une forme féminine des plus harmonieuses.

« Kallista… Enfant déesse de l’obscurité, tu veilleras chaque nuit et accompagneras ceux qui la rejoignent… »

Tandis que l’unique eurycline à l’or le plus pur donna naissance à une autre créature les plus fascinantes, femme à l’étoile ensoleillée qui tient entre ses mains l’astre solaire, la fleur de feu qui baigne de sa lumière chaque aurore.

« Belgadis, la flamboyante à l’espoir éternel, tu veilleras à chaque aube nouvelle sur chaque parcelle et chaque être qui verra le jour… »

Chacune d’elle rejoignit les cieux qui s’ancrèrent dans ce rythme, et durant des décennies, elles dansèrent tour à tour pour ponctuer le monde dans l’harmonie.

C’est bien après qu’un lys se mit à pousser jusqu’à donner vie à une déesse aux larmes cristallines, qui déversa dès lors, un duvet poudreux et immaculés jusqu’à dessiner le moindre des contours d’un continent. Yssandre…

Furent dès lors sculptés les elfes des neiges, communément appelés froerïns au sein de la forêt des songes dans laquelle, après s’être enraciner des millénaires encore, mourut le grand arbre Yshushsir, heureux d’avoir créer l’œuvre de sa vie. Ses enfants grandirent et s’agrandirent jusqu’à donner le peuple que nous connaissons aujourd’hui.

Et c’est en l’honneur du grand arbre tandis que les froerïns bâtirent des villages afin de vivre en communauté mais aussi parce qu’ils vénéraient avant tout Belgadis pour ses douces lueurs, qu’un grand arbre de marbre blanc fut érigé du nom de Belgaiaün, au sein de la mystérieuse cité Rasnïssost …


hrp : texte en attente de validation guidesque pour le codex.